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AU PAYS DES PETITS CLOWNS, J’IRAI
“Légèreté de l’oiseau qui, pour chanter, n’a pas besoin de posséder la forêt, ni même un seul arbre” . (Christian Bobin)
– Mon petit coeur, comment te raconter quand le mien n’arrive plus à s’ouvrir à la vie ?
– Alors, écoute ma chanson soleil. Tu m’entendras chanter toute ta vie.
– Comment ?
-“Toutouloulou, toutouloulou, toutouloulou, toutouloulou, twi twili, twi twili “.
– Hélios, tu chantes ! Je t’entends chanter ! Mon tout petit, tu chantes !
– Dans mon nouveau pays des petits clowns soleil, on vit aussi, tu sais …
“Il faut donc que je fasse quelque chose de ma blessure, que je comprenne, que j’en fasse une oeuvre d’art, un roman, que je milite. (…) Je crois que les résilients doivent
trouver des combats, des engagements” (Boris Cyrulnik : La Résilience).
Toutouloulou : il s’appelait Hélios. Soleil. Parce qu’on l’avait trouvé très malheureux dans une animalerie et que c’était le jour du solstice d’hiver.
On avait craqué ; on l’avait acquis, il nous avait conquis.
Il est resté, au début de son arrivée, prostré, toute petite chose, toute petite chose, dans notre pièce commune, aux oiseaux et à nous.
Et puis il a irradié le bonheur, la joie de vivre et encore le bonheur ! Il était la joie à lui tout seul dans son costume de plumes blanches, jaunes et grises.
Perruche calopsitte, il nous a enseigné, il nous a transmis, il nous a éduqué.
Tu es devenu ma drogue de douceur heureuse.
C’était Noël, les boules l’attiraient, il les emmenait par le petit bout qui dépasse, vous savez ? Il tirait sur les guirlandes et les papiers d’argent et d’or des papillotes.
Emerveillance. La marrade. Ce qu’il était drôle, oh la la ! A petits pas sur ses menues patounes finettes, il arrivait et zou, emmenait le jouet.
Parfois, en marchant, il sautait en l’air : un petit saut d’oiseau bonheur : “ouh, je suis content ; ouh, je suis content !”.
Cela vous arrive-t-il, à vous, de bondir de joie sans raison, comme ça, par amour de la vie ????????
Déjà, j’ai su que c’était un grand sage doublé d’un sacré philosophe courage.
Un ange d’innocence : le bonheur pur.
Mais qui savait aussi se défendre ! Bing, un gentil petit coup de bec si ton doigt je ne veux pas.
-“ Hélios ………………”
– “Hélios ………………”
Champion des imitations, il apprit le chant sur trois tonalités bien précises de Ténor et Chanson, les deux calopsittes mâles que nous avions sauvés du trottoir.
Puis il se lança dans les toui touilili touitouili, de Tako, l’oiseau ami d’une petite fille qui nous visite souvent.
Tako parti, notre Hélios nous le rappelait : il avait enregistré son vocable, il élargissait sa culture.
Vous prenez les oiseaux pour des cervelles d’oiseaux, vous vous trompez !!!!! Ils apprennent, ils imitent, ils ont des codes sociaux complexes.
Hélios est mon gourou de bonheur.
– “Tu me manques, tu me manques … Je n’y arrive plus, c’est vide, le monde est vide sans tes sauts de joie…”
– Alors chantez !
Il était la légèreté de l’être, la grâce, la délicatesse dans une âme forte. Il apprenait vite, ( il savait peut-être qu’il ne vivrait pas vieux ?)
Il était , tu étais si léger, léger, dans ta tête, dans ton corps… La légèreté est une telle grandeur, un tel paradoxe : le monde appartient à celui qui la cisèle.
Tout ce qu’il faisait était aérien, non pas parce que c’était un oiseau clown, mais parce qu’il savait déjà la vie.
A petits pas, il nous montait dessus et nous jouions au “petit navion” : on soufflait avec les lèvres dans un bruit pétaradant et l’oiseau rieur de déployer
ses ailes blanches et grises, de mettre sa tête dessous et de se tordre de rire : tu étais la vie, tu étais la vie !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Qu’est-ce qu’on a pu rire ! Avez-vous déjà ri souvent avec un tel petit artiste clown ? Tu picorais les moustaches de Jean-Pierre et on se marrait, on se bidonnait.
Tu riais aussi à ta façon héliosienne. Tu étais magnifique. Nous t’aimions.
Tu tombais en pâmoison devant Ity, notre Ity mascotte, petite fille calopsitte. Tu la suivais partout, un peu nigaud, garçon énamouré.
Mon amour !
Tu montais sur les personnes qui venaient dans notre association voir nos éclopés et tu piquais les boucles d’oreilles, tu chantais à tue-bec.
Et l’on riait encore.
-“Tu étais tellement mignon …”
Quand tu t’installais sur un perchoir en liberté, après qu’on t’aie récupéré sur le nez, long nez du colley, tu te lançais dans tes vocalises.
Bonheur.
Et alors là, tu étais inouï, une exception faite oiseau, un créateur : tu chantais, tenez-vous bien, la tête sous une aile, et une patte en l’air, dans un équilibre précaire…
Regardez : je déplie mes doigts, je replie mes doigts : c’est magique !
Délicatesse. Elégance. Raffinement.
Tu étais tout simplement merveilleux.
L’élégance est la richesse suprême.
-“Je me rappelle…”
Qu’est-ce que tu as pu nous faire rire !
Un an après, tu es parti. D’une longue maladie. D’un combat qui a duré 5 semaines. J’ai beaucoup cherché, on a vu un vétérinaire spécialisé, fait une radio,
on a eu le temps de se battre … Les derniers soirs, la tourterelle Chanty, adoptée depuis 9 ans, venait te tenir compagnie sur ta petite mangeoire, sous une lampe à infra rouges.
Au début turbulent, puis tout doux, comme si la colombe mâle comprenait… Tu n’avais plus de forces ; on essayait les médecines douces, on essayait tout, on ne pouvait pas, on ne pouvait pas,
je ne pouvais pas te laisser partir, pas toi, pas toi, si jeune…
La veille de ta mort, suprême élégance, tu emportais avec toi, facétieux, une touche d’ordinateur chez des amis, ce qui était ton jeu favori…
(La vitesse hallucinante à laquelle tu nous embarquais F1 F2 F3 F4 F5 F6 et bien dans l’ordre… bon sang !)
Tu allais mourir et tu jouais encore,
TU ETAIS L’ELEGANCE MEME, HELIOS, petit guerrier de la vie …
Nous allâmes dire adieu à tout, à Ténor et Chanson, à l’arbre aux oiseaux… Je te laissais doucettement endormi à minuit, sous ta lampe rouge et à trois heures aussi…
Le 20 janvier. Et à 5 heures, tu étais devenu mon petit mentor du ciel…
ADIEU L’ARTISTE ! Le lendemain, 21, nous devions animer dans notre association (“la Voie de l’Hirondelle”) un petit spectacle pour enfants, où nous parlions de protéger les oiseaux
aux 5 ans et aux mamans…
Et le petit clown, devenu soleil, donna son nom à la troupe effondrée : moi, Ity et Yoko, artistes en deuil…
Ce sera la troupe des petits clowns soleil et nous continuerons pour toi, sous ton égide lumineuse.
– “Hélios, tu nous manques”.
Chantez, gens tristes, grincheux ; chantez, enfants larmoyants ; chantez, éclopés de la vie ; chantez car un artiste élégant nous a légué son courage léger.
Nous continuerons : nous sommes les clowns soleil et nous parlons de protéger les oiseaux partout.
Hélios, Hélios, mon amour, mon si grand amour de 64 grammes, tu chantes avec nous :
Toutouloulou toutouloulou et siffles de nouveaux airs, que t’ ont appris les anges clowns du pays soleil.
Anny, élève d’Hélios, artiste-clown. Coach d’une sagesse oubliée des humains.
PS : Hélios, tu as sauvé la vie d’une perruche calopsitte qu’on nous a apportée, mourante, cet été.
Elle n’arrivait plus à manger et à boire, perdue au fond des bois.
Nous t’avons mis avec la pauvre petite et tu lui as gentiment bécoté le cou
avec tout ton amour :
tu l’as ressuscitée ! Cœur Vaillant a repris le goût de vivre de suite après ton baiser.
Rien que pour cela, tu mérites d’être entré dans notre légende,
la légende des petits clowns de la Voie de l’Hirondelle.
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Une Amie de loin.