Et ce jour, 20 mars 2016, 5 hirondelles sont installées dans les dépendances.
Nous avons bien bossé, il faut dire : on a mis des clous aux poutres et des fils électriques pour servir de perchoirs,
consolidé les nids de l’an passé ; c’est devenu un palace pour espèce menacée.
(Comme vous le savez, les pesticides les tuent, ainsi que la main de l’homme, bien évidemment, qui les empêche de nicher. )
Nous vous espérons en forme, merci aux quelques lettres reçues, à tous vos mots gentils.
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Que s’est-t’il passé depuis Noël ? On pourrait parler d’une grande découverte, un siècle après leur description
par Albert Einstein : on a dédecté les ondes gravitationnelles de l’univers. (Deux trous noirs, en fusionnant, émettent ces ondes).
C’était le 11 février. Les scientifiques s’interrogent toujours sur l’origine du monde, du big bang, de l’expansion cosmique, etc…
De fréquentes avancées sont mentionnées dans des journaux spécialisés : “Dernières nouvelles de l’univers”, titrait l’Obs hors série,
vendu en maison de la presse à tout public. Chacun peut y aller de sa théorie, mais il est un fait, on commence à comprendre
que nous faisons partie d’un tout absolument démesuré et que la poussière d’étoiles que nous sommes n’est qu’un infime maillon
d’une trame immense.
Hubert Reeves, astronome et écologiste, a eu l’humilité de prétendre ne pas savoir grand chose sur le départ ou la fin de tout cela ; j’ai
apprécié sa modestie de grand scientifique et d’humaniste. (“Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve” est un de ses magnifiques ouvrages).
Là encore, tout le monde reste libre de penser ce qu’il veut en toute conscience.
Pour ma part, je suis panthéiste, “Deus sive Natura” : Dieu est la nature ou la nature est Dieu : vision athée cosmologique du Mystère qui nous dépasse.
Cette sorte de doctrine philosophique, reprise aussi par Baruch Spinoza, que j’aime beaucoup, m’a réconciliée avec toutes les ouvertures possibles et
imaginables. On peut croire ou non en un Dieu, en plusieurs esprits comme les shintoïstes, ne pas croire du tout comme Michel Onfray, on s’en moque.
Ancré dans le Réel, on peut voir l’Absolu dans une graine qui germe on ne sait pourquoi, ni comment, tout comme dans un humain, tout comme dans
une fourmi ou un nuage, tout comme dans le vide, tout comme dans le tout. L’infini est retrouvé, condensé, dans l’infiniment petit comme dans l’infiniment grand.
J’adore cette pensée naturelle, à la fois pragmatique ou poétique, selon la façon dont on la perçoit. Le vrai panthéiste, (du dieu Pan) honore la vie,
les créatures, ne distingue pas des classifications étriquées. Bien évidemment, il y a des tas de manières d’aborder cet idéal et il en existe diverses formes ; le panenthéisme en est une mais je ne rentrerai pas dans les détails.
Non, dans mon être intime, je me sens reliée, par exemple avec l’hirondelle qui vient d’arriver ce lundi.
Elle a parcouru 6000 kms sans boussole, a affronté la Méditerranée avec ses 19 grammes de courage et de plumes, le Sahara, et elle a réussi à retrouver
sa vieille écurie. Elle a commencé par tournoyer autour un jour ou deux, testant les humains qui habitent là, avec prudence et intelligence, avant de
se poser près de son ancien nid. Elle a vu des lions et des gnous, sans doute, des acacias africains et la revoilà toute pimpante devant nos chênes.
Je me suis sentie “une merde” à côté d’elle (ou de lui), moi qui me perdrais dans 500 mètres carrés de bois la nuit !
Donc mon panthéisme, érigé au rang de manière d’Etre et de Vivre, bien compris et adapté à ma petite personne, me permet d’admirer une hirondelle,
de la respecter, tout en étant imprégnée de culture sociale humaine…
C’est ainsi, à mes yeux du moins, la plus belle des “doctrines” car elle englobe Tout, telle que je la conçois et on n’aurait pas envie de se battre pour elle,
ni de verser des tonnes de sang rouge sang, puisque elle résume toute Vie et accepte même le cycle de la mort : elle réintègre l’humanité dans l’univers.
Elle tolère les croyants, les incroyants, les sectaires, les athées, puisqu’elle prétend que la trame est un continuum du vivant : unité.
Unité est son maître mot et elle en fait une discipline ! Le caillou est dieu de même que le dauphin, puisque tout est dieu !
Quel apaisement ! Quel apaisement !
Nous sommes alors bien loin des traditions cruelles, au nom d’un Créateur partial, qui érige l’homme en supérieur absolu : on n’immole plus un agneau pascal.
Pour cette fête dite religieuse (qui vient du mot relier, je le rappelle tout de même…), on sépare des bébés moutons de leurs mamans, tout le monde hurle ; on enfourne
violemment les enfants animaux dans des camions, perdus, bêlant leur désespoir total, puis on les égorgera (sans doute halal) après les avoir pendus par les pieds
sur une chaîne d’abattage. Sympa, non, la fête pascale chez les Chrétiens – pardonnez-moi, je refuse la majuscule ici : chrétiens- ?
Je n’irai pas jusqu’à enlever un e dans ce mot car je suis sûre qu’il existe des bons croyants qui, comme moi, refusent cette barbarie et réfléchissent au pourquoi
de leurs actes. A ceux-là, j’envoie tout mon amour et mon respect.
La chanteuse Jeanne Mas prêche le véganisme et je la comprends bien ici : est vegan celui qui refuse l’exploitation des animaux : viande, lait, oeufs, laine, etc…
Pour ma part, je suis végétarienne, presque végétalienne (je progresse lentement) et je propose déjà de moins manger de chair vivante : mammifères, poissons, mollusques, etc…
Il faut ajouter à ces horreurs que l’abattoir du Vigan – je viens de l’apprendre – condamné pour maltraitance animale, va rouvrir pour Pâques, pour l’abattage des agneaux
de cette tradition “merveilleuse de la résurrection”. Birk. Honte à l’humain assoiffé d’argent.
Alors, mes ami(e)s, en cet éditorial qui annonce les beaux jours, le retour des migrateurs, le réveil des fleurs et des insectes à protéger absolument, je voudrais vous dire
de jolies choses aussi, pour sortir de ce cercle vicieux épouvantable des traditions, qu’elles soient d’Orient ou d’Occident d’ailleurs ; ici, pas de racisme : on commet l’indicible
en France comme en Arabie, comme en Amérique, etc… Faites de votre vie une oeuvre d’art (“Je veux faire de ma vie quelque chose de beau devant Dieu”, disait Mère Térésa).
Je n’emploie plus le mot dieu, car je n’ai pas de religion et n’appartiens qu’à la vie globale, mais cette phrase résume le sens qu’on peut donner à son existence quand on se sent
perdu dans la foule exigeante des humains. On peut ainsi travailler chaque jour à aller de l’avant, chacun(e) à sa façon, sans regarder à côté ce que fait le voisin. Se construire,
c’est aussi construire le monde. De nos jours où la méditation est si à la mode –et tant mieux- on peut aimer la vie dans chaque petit geste qui nous grandit.
Quand mon hirondelle soeur chante sur son fil, pour dire à ses copines qu’elle est bien là, tout simplement, elle ne fait rien d’autre que clamer son Etre particulier et
fusionné dans l’infini, qu’elle respecte, au contraire de l’humain, qui veut tout contrôler !
Sage est l’oiseau sauvage, qui prèlève juste le nécessaire, se contente de peu, ne se tourmente pas l’âme et ne croit qu’aux arbres, au ciel et au nid à fignoler.
Il fait allégeance à la Nature, comme dirait Nicolas Hulot, et quel exemple, quelle maestria !
Joyeux Printemps dans la simplicité des fleurs et du monde.
Anny Fugier des Hirondelles”
“Vous êtes pareils à tout ce qui existe dans l’univers ; vous venez de la même source, vous êtes faits de la même lumière” (Don Miguel Ruiz , Pratique de la Voie toltèque).